Résolution no 5: Unité et militantisme à l’échelle planétaire
Cliquez ici pour télécharger cette résolution en format PDF.
ATTENDU QUE l’accroissement des inégalités et une concentration de plus en plus grande de la richesse menacent la stabilité des institutions démocratiques et les droits de la personne des travailleurs à l’échelle de la planète;
ATTENDU QUE la pandémie de COVID-19 a mis en lumière les inégalités entre l’accès des pays pauvres et des pays riches aux vaccins et aux technologies salutaires, tout en mettant en évidence notre dépendance aux chaînes mondiales d’approvisionnement;
ATTENDU QUE la menace des changements climatiques nécessite des mesures urgentes et efficaces afin de réduire notre dépendance aux sources d’énergie à base de carbone;
ATTENDU QUE la domination par la Chine des principales chaînes d’approvisionnement, notamment de minéraux cruciaux, de panneaux solaires, de piles et d’autres technologies essentielles, et sa répression des droits des travailleurs, y compris le travail forcé, posent un sérieux problème et une menace immédiate à notre sécurité économique et nationale;
ATTENDU QUE l’attaque non provoquée de la Russie contre l’Ukraine souligne également la menace que posent les gouvernements autoritaires et antidémocratiques pour les travailleurs et la démocratie;
ATTENDU QUE les responsables politiques de la droite ont également cherché à diviser et à affaiblir le mouvement ouvrier et la démocratie même aux États-Unis et au Canada.
ATTENDU QUE la mobilité des capitaux, exempte de réglementation ou de contrôle démocratique efficace, permet aux multinationales et aux riches investisseurs de tourner les travailleurs de différents pays les uns contre les autres;
ATTENDU QUE l’échec des partis politiques de nombreux pays industrialisés à éliminer les répercussions sur la classe ouvrière des accords «de libre-échange», du dumping de produits manufacturés, de la manipulation des devises et de la désindustrialisation a alimenté la montée des mouvements politiques de la droite qui encouragent la haine et la discrimination fondées sur la race et la religion;
ATTENDU QUE les multinationales à la poursuite de profits plus importants continuent de faire baisser les salaires réels des travailleurs, d’affaiblir leur programme de soins de santé et de les menacer de confier leur travail en sous-traitance bien que le syndicat négocie de bonne foi et montre sa volonté de tenir compte, s’il y a lieu, de leurs demandes de souplesse et de réduction des coûts;
ATTENDU QUE même les entreprises mondiales qui respectent habituellement les droits des travailleurs dans leurs propres pays violent de plus en plus ces droits dans les autres pays où elles exercent des activités;
ATTENDU QUE notre syndicat continue de promouvoir le mouvement ouvrier en s’engageant dans des activités politiques et de recrutement avec des familles ouvrières, des étudiants, de jeunes travailleurs, des environnementalistes, des communautés autochtones, immigrantes et de descendance africaine, des organismes de défense des droits des femmes, des personnes militantes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes, asexuelles et leurs alliés (2SLGBTQIA+, reconnaissant que la désignation des personnes autochtones bispirituelles doit être placée au début de l’acronyme); des groupes d’aînés, des universitaires; des défenseurs des droits religieux, civils et des droits de la personne, ainsi qu’avec des syndicalistes;
ATTENDU QUE la mondialisation dirigée par les entreprises ne peut être contrée que par un mouvement démocratique favorisant la justice économique et sociale à l’échelle de la planète, la lutte pour de bons emplois, l’amélioration des salaires, des conditions de travail, des soins de santé, de la sécurité de la retraite et des droits de la personne, l’inclusion sociale et des normes environnementales;
ATTENDU QUE notre syndicat continue à syndiquer les non-syndiqués au service des multinationales en Amérique du Nord et à renforcer la capacité de coordonner les négociations au sein des entreprises et des industries;
ATTENDU QUE les campagnes de solidarité mondiale menées depuis le congrès de 2017 ont procuré de l’aide concrète aux membres du Syndicat des Métallos et à nos partenaires mondiaux pour le recrutement et la négociation lors des conflits avec Americas Gold & Silver, ArcelorMittal, Bridgestone/Firestone, Caterpillar, Constellium, Dow Dupont, DS Smith, Fenner Dunlop, Goodyear, Grupo Mexico/Asarco, Hecla, HCL, Kumho, Lafarge, Liberty Steel, National Grid, NFI Group, NLMK, Owens-Illinois, Rio Tinto, Securitas, Sibanye Stillwater, Sofidel, Tecnocap, Vale et 3M.
ATTENDU QUE Workers Uniting – le syndicat mondial qui unit deux millions de membres du Syndicat des Métallos et de UNITE the Union au Canada, en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis dans le cadre d’un programme commun de solidarité industrielle, d’action politique et de lutte contre les politiques mondiales d’austérité, de coordination entre membres relativement aux questions concernant l’égalité, les jeunes, les femmes, la santé et la sécurité, et la coopération mondiale – maintient son engagement à défendre les droits des syndicats et les droits de la personne contre les attaques des gouvernements de la droite et à exiger le respect des normes du travail internationales par les gouvernements et les entreprises;
ATTENDU QUE notre syndicat appuie le travail des syndicats mondiaux, dont celui du syndicat mondial IndustriALL, du syndicat international des travailleurs du bois et du bâtiment (BWI) et du syndicat mondial UNI pour établir des réseaux de syndicats efficaces au sein des multinationales dans le but d’échanger de l’information sur les conditions de travail et de se préparer en vue de négociations coordonnées;
ATTENDU QUE le syndicat mondial IndustriALL a joué un rôle clé dans l’établissement de l'Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh, une entente contraignante signée en 2013 par plus de 170 entreprises mondiales du secteur du vêtement et qui a récemment été renégociée;
ATTENDU QUE notre syndicat est solidaire des travailleuses du vêtement au Bangladesh, et qu’il a lancé une campagne demandant à Mark’s/L’Équipeur et à sa propriétaire Canadian Tire de verser des salaires viables dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement;
ATTENDU QUE notre syndicat maintient des alliances stratégiques avec des syndicats dans le monde entier, y compris le syndicat des travailleurs australiens (AWU) et le syndicat des travailleurs de la construction, de la foresterie, des mines et de l’énergie (CFMEU) de l’Australie; la centrale des travailleurs unis (CUT) et la confédération nationale des métallurgistes (CNM/CUT) au Brésil; le syndicat industriel des métallurgistes (IG Metall) en Allemagne; le front authentique des travailleurs (FAT) et le syndicat national des travailleurs des mines, des métaux, de l’acier et des secteurs connexes de la République du Mexique (Los Mineros) au Mexique;
ATTENDU QUE depuis l’élection de Napoleón Gómez Urrutia, président et secrétaire général du syndicat national des travailleurs des mines, des métaux, de l’acier et des secteurs connexes de la République du Mexique (Los Mineros) au Sénat mexicain en 2018 et son retour au Mexique d’un exil forcé, le Syndicat des Métallos a continué de renforcer son alliance avec Los Mineros afin de forger une solidarité industrielle en Amérique du Nord, en ayant recours aux réformes du droit du travail mexicain et à l’utilisation des mécanismes d’application de l’ACEUM;
ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos condamne les attaques du gouvernement de Bolsonaro au Brésil contre les syndicats et défend les droits des travailleurs et les droits de la personne, l’égalité raciale et la justice environnementale. Nous sommes fièrement solidaires du chef du parti des travailleurs Luiz Inácio Lula da Silva dans sa défense de la démocratie brésilienne;
ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos a offert de la formation et du soutien dans les domaines de la santé et de la sécurité, de la négociation collective, de la mobilisation des membres, du recrutement et de l’habilitation des femmes dans le cadre du programme des Femmes d’acier afin d’appuyer la croissance du mouvement syndical libérien dans les secteurs du caoutchouc, des mines et des forêts où nous avons des industries et des employeurs communs; cet appui a mené à la négociation de conventions collectives qui ont renforcé les protections en santé et en sécurité, et contribué à prévenir le travail des enfants;
ATTENDU QUE nous nous souvenons du leadership d’avant-garde dont a fait preuve notre ancien président international Lynn R. Williams dans l’établissement d’un lien entre les droits des travailleurs et les accords commerciaux, insistant sur le fait que la suppression par les gouvernements des droits de la population ouvrière «constitue non seulement une privation sociale pour les travailleurs concernés, mais aussi un désavantage économique pour les travailleurs américains»;
ATTENDU QUE l’ancien premier ministre de la Suède et chef du syndicat des métallurgistes IG Metall, Stefan Löfven, a proposé un «accord mondial» s’appuyant sur un travail convenable et la croissance inclusive dans le but d’établir un véritable dialogue social pour renforcer la stabilité économique et le partage de la prospérité commune, lequel pourrait jeter les bases de la négociation d’accords mondiaux qui respectent les droits fondamentaux et réduisent l’inégalité;
ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos, en collaboration avec des syndicats démocratiques au Mexique, s’est opposé à l’ALENA depuis sa création, parce que l’accord promeut une stratégie d’intégration économique élaborée par les entreprises qui a des répercussions désastreuses sur les emplois et les salaires, les droits des travailleurs et l’environnement;
ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos s’est battu avec succès pour des changements fondamentaux à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, notamment l’inclusion d’un mécanisme d’intervention rapide qui prévoit des sanctions visant précisément les installations d’entreprises qui violent les droits des travailleurs et qui permet maintenant aux travailleurs de la fabrication au Mexique de créer des syndicats démocratiques, d’obtenir des conventions collectives et de commencer à réduire la disparité salariale entre les travailleurs du Mexique et ceux dans le reste de l’Amérique du Nord;
ATTENDU QUE les dispositions sur les droits des travailleurs dans les accords de libre-échange des États-Unis et du Canada avec l’Amérique centrale, la Colombie, la Corée et l’Europe n’abordent aucunement les violations des droits fondamentaux des travailleurs. En Colombie, l’assassinat de syndicalistes se poursuit impunément et les politiques gouvernementales affaiblissent systématiquement les conventions collectives, tandis qu’en Corée, le gouvernement continue de réprimer avec violence les efforts des travailleurs d’exercer leurs droits de grève, de négocier et de se syndiquer;
ATTENDU QUE nous demandons que tous les accords commerciaux comprennent des droits pleinement exécutoires en matière de travail et d’environnement qui se fondent sur la norme de l’ACEUM, qu’ils éliminent les dispositions antidémocratiques sur le règlement des différends entre investisseurs et États, qu’ils créent des règles exécutoires contre la manipulation des devises, qu’ils renforcent les règles d’origine et qu’ils protègent les politiques d’approvisionnement «Achetez américain» et «Achetez canadien»;
ATTENDU QUE nous demandons que soient renforcées les chaînes d’approvisionnement cruciales en Amérique du Nord par l’application intensifiée des dispositions sur les droits antidumping et les droits compensateurs, un examen rigoureux des investissements de la Chine et d’autres pays étrangers dans des matériaux et technologies essentiels pouvant menacer la sécurité nationale, et des investissements massifs pour développer l’autonomie dans des secteurs cruciaux;
ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos continue de soutenir les efforts de la Publish What You Pay Coalition afin d’obliger les multinationales minières et pétrolières à divulguer tous les paiements qu’elles font aux gouvernements étrangers, et d’appuyer la mise en œuvre aux États-Unis de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives;
ATTENDU QUE les Métallos au Canada ont joué un rôle clé dans le Réseau canadien sur la reddition de compte des entreprises, qui a réussi à faire adopter une loi établissant un Ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises; malheureusement, le gouvernement ne lui a pas confié le mandat promis ni les pouvoirs lui permettant d’aider efficacement les collectivités lésées par des entreprises canadiennes à défendre leurs droits, à accéder à des recours ou à obtenir justice;
ATTENDU QUE les Métallos canadiens, par l’entremise du Fonds humanitaire des Métallos, ont joué un rôle déterminant dans l’établissement d’alliances internationales qui ont renforcé les efforts des mouvements ouvriers et sociaux des pays en développement pour défendre les droits de la personne;
ATTENDU QUE le centre de solidarité de la FAT-COI a assuré un soutien vital aux efforts du Syndicat des Métallos et des syndicats mondiaux pour établir des partenariats avec des syndicats dans de nombreux pays en développement en vue de défendre les droits fondamentaux des travailleurs et de la personne.
PAR CONSÉQUENT, QU’IL SOIT RÉSOLU QUE :
- Notre syndicat poursuivra sa lutte fructueuse pour accroître la solidarité internationale entre les travailleurs et leurs syndicats en vue de s’opposer aux gouvernements de la droite et aux entreprises, et d’assurer la justice sociale et économique et un environnement durable à tous.
- Nous continuerons notre travail visant à établir, dans tous nos secteurs, des alliances mondiales mutuellement bénéfiques avec des partenaires syndicaux importants qui sont également résolus à renforcer le pouvoir des travailleurs de s’opposer aux multinationales par des campagnes mondiales de recrutement, de négociation et d’action politique.
- Au pays et à l’étranger, notre syndicat continuera d’établir des coalitions avec des militantes et militants, y compris des familles ouvrières, des étudiants et des jeunes travailleurs, des environnementalistes, des communautés autochtones, immigrantes et d’origine africaine, des organismes de défense des droits des femmes, des militants 2SLGBTQIA+, des groupes de citoyens âgés, des universitaires et des défenseurs des droits religieux, des droits civils et des droits de la personne, et des syndicalistes, afin d’exiger le respect des droits fondamentaux de la personne et de la démocratie.
- Nous établirons des alliances afin de veiller à ce que tous les accords commerciaux et la structure de l’économie mondiale comprennent des normes minimales du travail ayant force exécutoire. Ces normes doivent inclure le droit de se syndiquer ou de se joindre à un syndicat sans risque de représailles, le droit de négocier collectivement et de faire la grève sans menace de remplacement, l’interdiction du travail forcé ou du travail des enfants ainsi que des normes relatives au salaire minimum, aux heures de travail et à la santé et la sécurité au travail. Grâce à nos alliances mondiales, nous nous efforcerons de veiller à ce que les institutions du mouvement syndical mondial participent activement à la lutte contre les accords de commerce et d’investissement inéquitables et antidémocratiques.
- Nous continuerons de développer des stratégies pratiques pour faire participer nos membres aux activités transnationales de recrutement, de négociation et de solidarité, et nous les sensibiliserons aux façons dont les violations des droits des travailleurs et l’affaiblissement des niveaux de vie qui ont cours dans d’autres pays se répercutent négativement sur nos lieux de travail et nos milieux.